10 février 2025

Défi N°301 des Croqueurs de môts

Le "Moulin" de mon enfance
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Le lavoir communal

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Pour Le N°301 des Croqueurs de Môts, Les Cabardouche à la barre proposent : 
Dans son livre intitulé "Je me souviens", l'écrivain Georges Perec relate 480 petits souvenirs de la vie quotidienne, tels qu'ils lui reviennent à l'esprit, tout en invitant le lecteur à continuer cet inventaire.
À la manière de G. Perec, faites l’inventaire de vos souvenirs d’enfance, tels qu’ils surgissent. 
NB : D'avance, je vous prie de bien vouloir excuser la longueur de mon texte. J'ai énormément de souvenirs. Il a suffi que j'écrive le premier pour qu'une foule d'autres remontent à la surface. Et encore me suis-je cantonnée à ceux qui remontent à l'époque de ma vie où nous vivions en Seine et Oise, jusqu'au décès de mon père en 1959.
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Je me souviens de l'odeur du béret de papa quand j'étais perchée sur ses épaules.
Je me souviens de celle de la brillantine Forvil dans son petit flacon bleu.
Je me souviens de la voix cassée de maman quand elle chantait les chansons de Berthe Silva.
Je me souviens du feuilleton "La famille Duraton" à la radio. et du jeu "Quitte ou double" Nous écoutions en silence. La radio, c'était notre "télé" de l'époque.
Je me souviens de "Sur le banc", la chronique de Jeanne Sourza et Raymond Souplex.
Je me souviens de la lessive Sunil et du célèbre "Ça va bouillir" de Zappi Max.
Je me souviens que mon père n'aimait pas De Gaulle. Ma mère se contentait de dire comme lui.
Je me souviens de Limetz , le village où nous habitions dans le département qu'on appelait alors la Seine-et-Oise.
Je me souviens du "Moulin" où nous logions gratis comme toutes les familles des ouvriers de l'usine du village. Nous y étions les seuls français. Il y avait des italiens, des portugais, des algériens, des pieds noirs... Il y avait même un turc.
Je me souviens de mon premier couscous chez Pacha et Jeannette et des pâtes à l'italienne chez les Tondato, les parents d'Isabella, ma meilleure amie que tout le monde appelait Isabelle.
Je me souviens d'elle, ma copine, elle avait une super dinette dans laquelle nous faisions notre tambouille avec de l'herbe et de la boue.
Je me souviens des baignades dans l'Epte, l'été. Nous sautions dans l'eau de la barre d'étendage du lavoir. Les vaches venaient boire à la rivière et nous barbotions au milieu des bouses !
Je me souviens de la clique des pompiers du village où papa était grosse caisse et où mes frères jouaient du clairon. Je rêvais d'y devenir cantinière et je m'entraînais à marcher au pas.
Je me souviens de la première fois où j'ai vu la télé chez Raoul, un camarade d'usine de papa. Fascination totale de voir des gens en noir et blanc bouger et parler dans la petite boite.
Je me souviens de la distribution de pain béni à la messe du dimanche. Mon père se moquait. il disait qu'il gagnait assez bien sa vie pour nourrir sa famille sans l'aide du bon Dieu.
Je me souviens de ce jour où un rayon de soleil a frappé le tabernacle. En rentrant à la maison, j'ai dit à maman que j'avais vu Dieu.
Je me souviens du mois de Marie et de la récompense finale quand on avait bien tout suivi : un protège cahier de chez Alexi avec les tables de multiplications au dos. Alexi tenait l'un des deux cafés de Limetz. c'est chez lui que nous achetions nos bonbons à un centime, sortis d'un grand pot sur le comptoir.
Je me souviens de mon premier jour d'école. Je suis tombée dans un trou au milieu de la cour. Il y avait de travaux pour je ne sais plus quoi. C'est Olivette Dhermy, une "grande" qui m'a aidée à en sortir !
Je me souviens de ce qu'Olivette disait quand elle était en retard : "La tromilette de papa est tombée en panne".
Je me souviens de monsieur Picandet le directeur et de son épouse, et surtout de mademoiselle Jacques, mon institutrice que je vénérais.
Je me souviens d'une des fêtes de Noël de cette école durant laquelle sur scène, j'ai chanté "En passant par la Lorraine avec mes sabots" avec le costume ad hoc.
Je me souviens de la visite médicale dans une des classes. On passait en petite culotte devant l'infirmière. Tous les gamins avaient peur de la piqûre dans le dos.
Je me souviens des départs en Bretagne pour les grandes vacances. Nous partions avec Tonton Lucien, tante Simone, une sœur de maman et les cousins et cousines Pierre. Il nous fallait 2 compartiments dans le train. Il faut dire que nous étions nombreux ! Sept enfants de chaque côté plus les parents ! Une véritable expédition.
Je me souviens des roudoudous qu'on léchait jusqu'à s'en faire saigner la langue et des œufs durs pour tromper notre faim. Il était long le voyage des vacances. 
Je me souviens de la fois où pendant un arrêt à Paris, papa est allé acheter un paquet de gauloises. Il a fait semblant d'être en retard et a sauté dans le train qui démarrait. Maman était terrifiée ! Lui riait comme un fou !
Je me souviens de ces merveilleuses vacances à Kerhostin dans la presqu'île de Quiberon, chez notre grand-mère maternelle et notre tante Mimi. Avec les cousins de Bretagne, que d'aventures nous avons vécues.
Je me souviens du dernier soir, une année,  du  grand feu de joie sur la falaise, face à la mer. Nous avions fait un spectacle. Des gens du village et d'autres vacanciers étaient venus.  Nous avons chanté "Ce n'est qu'un aurevoir..."
Je me souviens de  l'épicière du principal "café épicerie" qui nous piquait les DH des carambars pour que son fiston gagne le ballon de foot.
Je me souviens des bals musettes du samedi soir, dans l'arrière salle de ce café épicerie. Maman mettait sa plus jolie, robe, papa son pantalon de costume et sa chemise blanche. Ils étaient si beaux tous les deux ! On dansait au son de l'accordéon. Et Papa essayait de m'apprendre à danser la valse. Parfois, on allait guincher dans les guinguettes au bord de l'eau à Giverny.
Je me souviens des séances de cinéma du jeudi dans cette même arrière-salle. Les films de cow-boy, les films de cape et d'épée..."La flèche brisée", "D'Artagnan", "Le capitaine Fracasse"... Là est née ma passion pour le septième art.
Je me souviens en particulier d'un film merveilleux : "L'enfant à la voix d'or", interprété par Joselito Jimenez. Et aussi d'un autre film avec lui : "Le petit colonel".
Je me souviens des acteurs qui me faisaient rêver: Victor Mature, Gary Cooper, Johnny Weissmuller, Jean Marais...
Je me souviens que j'ai appris à lire avec les "Nous deux" et les "Intimité" de maman, au grand dam de ma grand-mère paternelle.
Je me souviens des "Akim","Kit Carson" "Blek le Rock", " Tex le petit ranger"... Toutes ces petites BD que je piquais à mes frères.
Je me souviens de "Mickey" et de "Vaillant" que nous lisions à tour de rôle. Un jour j'ai lu terrifiée que la fin du monde allait avoir lieu dans trois cent milliards d'années. Avec ma copine Isabelle, nous pensions pouvoir y échapper en nous réfugiant sur les collines de Giverny.
Je me souviens du triporteur jaune du marchand de glace. Nous guettions le pouêt- pouêt de son klaxon. Parfois avec nos petites économies de "corvées", nous achetions une glace à trois boules.
Je me souviens des colères de papa quand nous faisions des boulettes avec la mie de pain.
Je me souviens que quand nous demandions "Qu'est-ce qu'on mange", il répondait :"Des briques à la sauce caillou".
Je me souviens que quand maman racontait ses rêves, il plaisantait en disant "Et moi j'ai rêvé que mon c... était une fontaine. Vous étiez des petits canards et vous nagiez dedans".
Je me souviens de notre île au milieu de l'Epte. Notre bande en défendait l'accès aux autres gosses du village. Pour avoir le droit d'y poser le pied, j'ai dû avaler un ver de terre tout cru ! Puis j'ai dû traverser en marchant sur le tronc d'arbre couché qui servait de pont ! La première fois, je suis tombée à l'eau ! Mes frères n'étaient pas fiers !
Je me souviens de tant de choses qu'il me faudrait comme à Perec, écrire un livre pour tout raconter avant de tout oublier. Il y en a de bonnes et belles mais aussi de très tristes comme la mort de Sylviane, une de nos petites sœurs à l'hôpital de Vernon. Elle allait avoir 4 ans.
Je me souviens surtout de ce voyage des pompiers dont notre mère est revenue seule. C'était en 59. Papa s'est noyé en baie de Somme cette année là. Et nous avons dû déménager puisque personne ne pouvait le remplacer à l'usine.
Je me souviens...Je me souviens souvent avec bonheur ! Parfois pourtant, je voudrais ne pas me souvenir. 

09 février 2025

Un pétale dans un livre

Un pétale

Un pétale dans un livre
C'est comme un cœur abandonné,
Entre deux pages on le laisse vivre, 
Il est là mais il est oublié.

Arraché un beau matin 
A la fleur de sa jeunesse,
Une main, sans pitié pour son chagrin
A son pauvre destin le laisse.

Il est fané et le temps passe,
Il vit dans l'ombre et dans l'oubli.
Un jour pourtant, un cœur se lasse,
Qui ouvre un livre pour effacer l'ennui.

Et c'est alors qu'une main tremble,
Une vieille main toute ridée.
Tant de souvenirs se rassemblent
Devant un pétale de rose oublié.

A M B
8 octobre 1967

 

08 février 2025

Poèmes d'adolescence

En 1967, j'ai commencé à recopier dans ce cahier tous les poèmes que j'écrivais pendant l'étude au lieu de faire mes devoirs ou d'apprendre mes leçons.
J'ai commencé ce premier recueil  le 8 octobre 1967
Je l'ai intitulé "A travers bois, à travers cœur". Il débutait par ces quelques vers d'une jeune fille de 16 ans :

Ces quelques vers 
Que je compose,
Je les préfère
A toute chose

Il sont le fruit de ma jeunesse
Un peu bête, qu'importe
Car il m'ont ouvert la porte
D'un monde beau, plein de sagesse

Et je signais AMB (Anne-Marie Brouard)
*
Dans cette nouvelle rubrique, je vous livrerai les poèmes de cette époque, sans retouche
Voici le premier:

Mon village

Où es tu mon village,
Mon univers d'enfant ?
Toi que j'aime d'avantage
Encor que mes seize ans.

Ô toi qui m'a vu vivre
Mes plus tendres années,
Vois désormais le livre
D'une âme infortunée !

En pleurant je médite
Au destin qui m'est dû
Et parfois je m'irrite
De mon bonheur perdu.

Ô mon ami, mon village,
Toi ma douce joie d'antan,
Pourrais-je encore après l'orage
Te retrouver le cœur content ?

8 octobre 1967
AMB

06 février 2025

Mon ressenti pour le défi une image des mots" N°43 et 43 bis

 J'ai choisi les deux images qui me parlent autant l'une que l'autre mais je vous en mets d'autres qui illustreraient bien mon propos elles aussi...


Un enfant


Derrière un grillage ou dans sa maison

On ne doit pas mettre un môme en prison.

Il faudrait punir tous les tortionnaires

Qui font aux enfants les pires misères.


Ceux qui qui leur font mal ou qui les font taire,

Tous ceux qui les tuent partout sur la Terre,

Je leur jette un sort de malédiction,

Les feux de l'Enfer comme punition.


Un enfant c'est fait pour rire et jouer

Aller à l'école en traînant les pieds,

Découvrir la vie penché sur un livre

Parce qu'on lui dit que lire délivre.


De joie, de tendresse, un enfant s'enivre

Ainsi protégé, il apprend à vivre,

A pousser heureux,riche de projets,

De précieux trésors, de rêves secrets...


"Qu'il soit né d'amour ou par accident,

Malheur à celui qui blesse un enfant "

Enrico Macias, chantait l'évidence :

"Il a le cœur pur, il est toute innocence..."


Il est le symbole de l'insouciance,

Il est l'avenir, donnons lui la chance

De rester enfant encore longtemps !

Il a bien le temps de devenir grand.


©A-M Lejeune





03 février 2025

Ma liste 96-Aphrodite

Icône, extrêmement, ultime, détester, accomplir, précieux, poésie, destination, obsession, inattendu

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(Histoire fictive)

Aphrodite

On m'appelle Aphrodite, comme la déesse grecque de la beauté. Je pourrais en être extrêmement flattée mais j'ai dû parcourir un tel chemin et accomplir de tels prodiges pour arriver là où je suis, que je reste étonnée de ce qu'on dit de moi. Aphrodite, icône de la mode ! C'est tellement inattendu pour la personne que j'ai été avant de défiler sur les podiums !
Mon vrai prénom est Rébecca. Becky pour mes parents adorés, Peggy la cochonne  à l'école et pour les enfants de mon quartier. Ce sobriquet a longtemps été mon obsession. Au point que je me suis même mise à détester l'affectueux "Becky" de mes parents que j'associais  à cette  Peggy la cochonne, trop grande, trop ronde, perpétuellement montrée du doigt  éternelle souffre douleur des cours de récré.  N'ayant ni frère ni sœur, j'étais une enfant solitaire. L'école a renforcé cette solitude et le mal-être qui en découlait. J'avais la terrible sensation que mon ultime destination était l'Enfer. C'est ce que criaient mes mots désespérés à travers ma modeste poésie d'écolière. Et plus je subissais les quolibets des autres enfants, plus je mangeais. Un véritable cercle vicieux ! Pas besoin de chercher plus loin, j'étais déjà en Enfer !
A 12 ans, j'ai voulu mourir. Ça aussi je l'ai écrit dans mon cahier de poèmes. Mes parents sont tombés dessus par hasard. Il ont lu et ont découvert, atterrés, ma souffrance cachée. Ils l'ont comprise aussi ! Sans leur amour précieux, je serais passée à l'acte. Pour eux, j'ai plutôt décidé de tuer Peggy la cochonne ! Aidée de leur amour inconditionnel, j'ai commencé un régime draconien. Passionnée par l'antiquité, en secret, je me suis baptisée Aphrodite, persuadée que ce prénom me donnerait le courage d'affronter les privations à venir. Peggy allait devenir une reine de beauté ! Il m'a fallu six ans pour y parvenir. J'ai souffert,  sué, pleuré, failli plusieurs fois renoncer mais j'ai finalement tenu bon. Le sport et une nourriture équilibrée m'y ont aidée. Tandis que ma graisse fondait, je gagnais en muscles et en jolies proportions. Petit à petit l'admiration a remplacé la moquerie chez mes tortionnaires. Peggy sortait de l'Enfer, Aphrodite atteignait le Paradis.
Aujourd'hui je suis Aphrodite, un mannequin reconnu mais pour ma mère et mon père, je reste Becky, la grande petite fille trop ronde qu'ils aimaient telle qu'elle était.



02 février 2025

Images N°43 et 43 bis

Cette quinzaine, je vous propose deux images sur la même thématique, assez douloureuse, j'en conviens mais parfois, il faut oser aborder certains sujets
. A vous de choisir celle qui vous parle le mieux

N°43
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N°43 bis
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-"Enfance volée" Chez François
"Silences imposés" Chez Marie-Sylvie
"Enfance perdue" Chez Colette
"Un enfant" Chez moi
"Enfance ruinée" Chez Jill Bill




 

01 février 2025

Liste N°96

Tirage aléatoire-Programme TV Diverto
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Icône, extrêmement, ultime, détester, accomplir, précieux, poésie, destination, obsession, inattendu
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31 janvier 2025

Valse des mots N°9 de Nanou

Beauté, sagesse, quête, jardin, toujours, voiture, harmonie, manger, nouveauté, content.
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Romain

Son père venait de s'éteindre. Romain le regardait, pâle et figé sur son lit de mort. Il ne parvenait pas à pleurer. Il était seul auprès de lui. Sa sœur et ses deux frères qui vivaient à l'autre bout du monde, n'avaient pas voulu faire le déplacement pour ce père qui les avait si peu aimés et sa mère n'était plus là depuis longtemps. Sous le linceul mortuaire, le vieil homme paraissait enfin apaisé. Ses traits, qu'ils n'avait connus que sévères et d'une implacable dureté, s'étaient adoucis. Le masque lisse et serein de la mort effaçait l'autre, celui d'un homme sans pitié, avide de pouvoir et d'argent. Un homme acariâtre, jamais content, qui voulait toujours plus et qui, pour atteindre son but, avait sacrifié tout le reste, famille et amis. Face à cette quête incessante, sa femme et ses enfants ne pouvaient faire le poids ! A part lui, tous l'avaient fui. Sa mère, malade du cœur, en se laissant mourir, ses frères et sœur en s'éloignant le plus possible de sa néfaste influence. Romain lui,  n'avait pas quitté le sol natal mais pour autant, il n'avait pas suivi les traces dorées de son père. Il avait construit sa vie avec une sagesse née de l'expérience acquise en regardant vieillir et s'aigrir ce despote paternel pour lequel la seule nouveauté capable de le satisfaire un bref instant, était l'acquisition d'une voiture de luxe, d'une vaste propriété ou de quelque autre objet de prix susceptible de grossir encore sa fortune considérable.
Romain n'était pas comme son père ! Il avait choisi d'appliquer au pied de la lettre ces mots du Candide de Voltaire :"Cultivons notre jardin.". Il n'avait qu'une modeste maison à la campagne, roulait dans une vieille mais robuste camionnette avec laquelle Sarah et lui allaient vendre sur le marché, une partie de la production de leur grand potager. Juste ce qu'il faut pour vivre décemment et manger à leur faim ! Et Dieu qu'ils étaient heureux de cette existence simple et saine. D'autant plus heureux que leur premier enfant n'allaient plus tarder à naître !
Vivre au sein de la nature, la respecter, en apprécier chaque jour la beauté et l'harmonie, c'était ça la vraie richesse à leurs yeux.
©A-M Lejeune

Ateliers créations de Séverine-N°87

Création libre à partir  de :  Vent, feu, eau, terre

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27 janvier 2025

Des pages de récupération pour "Mots et rêves"

 Coucou vous !
Comme je vous l'ai précédemment précisé, j'ai réuni tout ce qui concerne  l'écriture ici,  dans cet unique blog. Mais avant de supprimer "Mots et rêves" qui était heureusement peu fourni, j'ai tout rapatrié ici et pour ne pas faire un "trop plein" d'articles, j'ai créé une page pour chacune des publications que j'avais faites sur ce blog en y ajoutant les commentaires que vous m'y aviez laissés.
Cette récupération figure dans le menu de gauche sous ce titre : Pages récupération  "Mots et rêves"
Merci
Anne-Marie

Ma pomme

 Je suis loin d'être une grosse légume ! Si ma vie était un film, ce serait un vrai navet . Je n'ai pas un radis d'avance ! Faut dire que je bosse pour des queues de cerises ! Je m'échine à mi-temps dans une conserverie où je trie petits pois et carottes sur un tapis roulant. L'oseille c'est long à gagner et vite à perdre !
Avec ça je vais vous dire, les emmerdes, c'est toujours pour ma pomme !
Pas plus tard qu'hier, j'avais la banane en faisant le poireau à la sortie du taf de mon petit chou d'amour qui s'appelle Françoise mais que j'appelle Framboise, quand deux malfrats me sont tombés dessus à bras raccourcis ! Et paf, je me suis pris une volée de marrons en pleine poire ! Estourbi, je suis tombé dans les pommes. Quand je suis revenu à moi, réveillé à coups de gifles par une grande asperge de fliquette, j'avais le nez en patate et bien sûr mon portefeuille avait disparu ! Elle commençait à me courir sur le haricot la greluche à me taper dessus sans m'écouter mais j'ai eu beau protester et tenter de m'expliquer, elle m'a traîné manu militari jusqu'au panier à salade. Elle me prenait visiblement pour un sans abri , voire pour un ivrogne ! Elle était tellement pressée de me mettre au trou qu'elle appuyait comme une dingue sur le champignon, passant tous les feux à l'orange ! Un simple quidam au volant aurait pris une prune pour moins que ça ! Quand ma Framboise qui est fille d' avocat, est venue pour me sortir de là, on lui a dit que c'était pas ses oignons et on l'a envoyée aux fraises ! Un comble non ?
Vous vous pressez peut-être le citron à essayer de comprendre comment moi, pauvre pomme sans un radis j'ai une fille d'avocat comme petite amie ? Un hasard, je vous jure, un pur hasard ! Grâce à elle, en dépit de la guigne qui me poursuit, je garde la pêche !
©A-M Lejeune