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30 mars 2025

Jouer avec les mots...

 Vous-est-il arrivé d'écrire un peu à contresens ?
Vous devriez essayer, c'est parfois drôle mais curieusement, cela peut s'avérer très poétique
Deux petits exemples  pour que vous compreniez l'idée.
Un ancien : 

Nocturne

Là-bas
Vers le clair d'ouest,
Se lève un vent de lune...
Gracieux
L'oiseau de chine
Dans l'encre de nuit,
S'envole. 
Sous l'édredon du logis,
La fée de plume
S'endort
Et dehors,
Dans le ciel s'allument
Les étoiles de sable
Du marchand d'or

20/01/2020
©A-M Lejeune

***

Un  du jour

 Histoire de joie d'une fille d'amour

Quand la belle à succès rencontra l'acteur de nuit, ce fut le coup d'artichaut dans son cœur de foudre ! Pour celle que l'on qualifiait de fille d'Autan, c'est comme si un vent de joie l'avait secouée des pieds à la tête. Elle en vacilla sur ses talons moulants et se mit à frissonner dans son pull aiguille. Sa vie de fée allait-elle enfin se transformer en conte de galère ? Allait-elle quitter son trottoir de luxe pour une demeure mal fréquentée ? Si elle en croyait le regard huppé du jeune homme de velours, elle avait toutes ses chances ! Ahhh échanger les paires de caresses de son souteneur contre de douces baffes ! Elle en rêvait ! Quitter son manteau de brocart pour enfiler une étole de misère... Enfin ! Quand il s'approcha d'elle de sa démarche glacée et posa sur ses épaules félines sa chaude écharpe en cachemire, elle sut que son rêve allait devenir réalité...

-Coupez ! C'est dans la boîte ! Hurla une voix de tournage sur le plateau métallique.



24 mars 2025

Croâ ! Coâ !

 Croâ ! Coâ !

- Croâ !
Dit le corbeau, allez grenouille,
Écarte toi de mon chemin !
- Coâ ?
De toi crois tu que j'ai la trouille ?
Répond hautain le batracien.
- C'est sûr ! Affirme le corbeau,
Tu en es vert et tu en crèves !
- Tu t'es trompé, je suis crapaud
Et peur de toi, moi ? Dans tes rêves !
- Crapaud, grenouille, tu n'es rien
Qu'une bien vilaine bestiole
Clouée au sol, triste destin,
Alors que moi tu vois, je vole !
- Ben justement, envole toi
Car ta présence m'indispose,
Sur ce chemin, je suis chez moi !
- Comment ? Tu m'envoies dans les roses !
- Ou les orties, comme tu veux !
- Et moi, je veux que tu te casses,
Hors de ma vue crapaud baveux !
Hurle l'oiseau qui en croasse, 
Ailes battant, colère au bec.
- Va donc te calmer dans la mare,
Je suis bien là, je reste au sec !
 Répond le crapaud qui se marre
En coassant à qui mieux mieux.
Qui sortira de la querelle
En grand vainqueur entre les deux ?
Hargneux corbeau, crapaud rebelle ?
Nul ne le sait ! Croâ ! Coâ !

©A-M Lejeune


 

06 mars 2025

Un conte pour rêver...


 La dernière fée

Au cœur le plus profond de la forêt, non loin  du petit village de Trégadec, vit en solitaire, la dernière fée du monde. Son nom, imprononçable pour un humain peut se traduire à peu près ainsi : Lleweelin. Plus aucun bois, aucune forêt nulle-part sur la planète n’abrite la moindre magie. Fées, lutins, trolls, elfes, gnomes, farfadets, licornes et autres membres du peuple féérique, ont tous fini par déserter les uns après les autres, ces lieux jadis si propices à leur existence ! Même la légendaire Brocéliande n’est désormais plus qu’une forêt comme les autres, seulement habitée par les hôtes habituels des sous-bois : oiseaux, cerfs et biches, sangliers... Des hôtes discrets et craintifs  généralement invisibles aux yeux des promeneurs. Nos frères animaux que l’on dit « sauvages » ont tendance à fuir les Humains, sûrement parce que pour eux, c’est nous qui sommes des sauvages !
Pour en revenir à la magie ancestrale, seule la forêt de Trégadec en abrite donc encore une  minuscule étincelle plus très loin de s’éteindre ! Et pour cause ! Car vous le savez bien, pour que vive la magie, il faut y croire ! Or, à Trégadec comme ailleurs la Technologie est reine ! Une souveraine froide,  impitoyable. Sans âme ! Le petit hameau oublié, perdu au fin fond de la Bretagne a  longtemps échappé à sa tyrannie, protégé qu’il était par les enchantements tissés par le peuple féérique caché dans sa forêt.  Des enchantements puissants, renforcés par l’imagination fertile de la plupart des enfants et par celle de certains adultes, férus de contes et de belles histoires qu’ils se plaisaient à raconter aux bambins pour les endormir.
Puis le progrès a fait son apparition.
D’abord, c’est la route qui est  venue jusqu’à Trégadec. Une belle route carrossable, bien loin du chemin plein d’ornières qu’il fallait emprunter auparavant pour y venir des autres villages ! Et cela sembla bel bon aux villageois, de ne plus avoir l’impression d’être isolés du arrivées les inventions de la grande cité. Les tracteurs  ont remplacé  bœufs et chevaux dans les champs. Les voitures ont remplacé les charrettes, les vélos et les pieds. L’eau courante  a remplacé les puits mais surtout, il y a  eu  de moins en moins de balades au cœur de la forêt pour aller boire l’eau de la source magique censée protéger de mille maux et favoriser la fécondité !
« Seulement censée ! Mais c’était vrai, dit Lleweelin puisqu’ils y croyaient »
Puis l’Électricité, l’arme la plus pernicieuse de la reine Technologie, est entrée dans tous les foyers ! Là encore,  cela a paru  merveilleux aux habitants de Trégadec ! Fini les bougies et autres lampes à huile pour s’éclairer ! Il leur suffisait désormais d’appuyer sur un interrupteur pour avoir de la lumière ! Magique ! Et ce n’était que le début ! L’invasion des braves soldats de sa majesté Technologie  allait se poursuivre jusqu’à la disparition totale de l’ancien mode de vie. S’installèrent en despotes dans les maisons, réfrigérateurs, lave-linge, lave-vaisselle, aspirateurs et autres petits robots ménagers pour simplifier la vie. Puis vinrent le téléphone,  la radio, la télévision, plus tyranniques encore… Adieu les veillées entre amis les beaux soirs d’été, les promenades du dimanche dans la forêt enchantée. On n’allait plus au muguet ou aux violettes le printemps venu ! C’était plus facile de se rendre en ville pour en acheter ! On n’en était pas encore aux loisirs programmés, clefs en main, mais on allait bientôt y arriver !
Les seuls qui résistaient encore à la despotique reine, étaient les anciens, fermement attachés aux  « bonnes vieilles méthodes et valeurs » comme ils s’entêtaient à le répéter !
« Indécrottables ! » Se moquaient les plus jeunes.
Et il y avait les enfants. Leur belle imagination, leurs jeux, leurs rêves d’aventures extraordinaires…Tout cela, nourri par les livres et par les histoires fabuleuses que leur contaient leurs grands-parents, en faisait les meilleurs résistants et du même coup,  des alliés de poids pour le peuple féérique de la forêt de Trégadec. Mais les derniers indécrottables  ont fini par disparaître et les enfants ont grandi en même temps que le progrès gagnait du terrain  dans le village ! Le coup de grâce a été porté par le développement brutal de l’informatique : consoles de jeux,  ordinateurs, réseau internet, tablettes, smartphones high-tech…Plus de temps pour les livres et les belles histoires. Plus de temps pour les jeux d’aventure, les cabanes dans le bois. Plus de place pour les rêves et l’imaginaire. Plus de place pour les contes !
Plus de place pour les fées…
Voilà pourquoi dans la forêt, la magie s’est peu à peu éteinte ! Voilà pourquoi Il n’y  reste plus qu’une fée, vieille, triste, désespérée. Presque moribonde.Mais pas encore disparue, non pas encore ! Pourquoi ? Me demanderez-vous peut-être. Oui pourquoi ? Parce que  qu’à Trégadec, une fillette plus curieuse que les autres gamins du village,  vient de retrouver un vieux livre de contes au fond d’une malle. Elle a soufflé sur la poussière qui le recouvrait et  l’a ouvert…
C’est un bel après- midi de mai. La forêt embaume. Assise sur une souche moussue, le livre ouvert sur les genoux, Maiwenn rêvasse, les yeux mi-clos. L’histoire qu’elle vient de lire l’a transportée dans un autre monde. Un monde féérique !  Autour d’elle, la clairière se réveille. Toute la forêt se réveille. Les oiseaux chantent à tue-tête. Un cerf majestueux, une gracieuse biche et un adorable faon s’approchent d’elle sans aucune crainte.Soudain, une douce présence la tire de sa torpeur bienheureuse. Une voix chantante comme la source magique où elle a bu tout à l’heure, chuchote à son oreille :
-Bonjour Maïwenn !
Elle ouvre les yeux. Devant elle se  tient  une  merveilleuse et extraordinaire créature. Aussi belle que la fée de son livre. Plus même ! Et vivante ! Aussi vivante que le grand cerf qui la regarde avec affection, elle en jurerait. Comme la regardent la biche et le faon. Aussi vivante que les oiseaux qui piaillent joyeusement dans les branches. Aussi vivante que les arbres verdoyants de ce  jour de printemps !
-Ohhhh ! Fait-elle, les yeux écarquillés en découvrant l’incroyable spectacle qui se déroule juste derrière la jolie dame. Une fée comme celle de son livre, assurément !
-Oui, je  le suis ! On m’appelle Lleweelin. Lui répond la jolie dame alors qu’elle n’a même pas posé sa question. Et ce que tu vois là, c’est tout le peuple féérique de la forêt de Trégadec que tu viens de réveiller. Merci Maïwenn !
Enfants du monde et vous aussi les grands, sachez que la magie ne s’éteindra pas tant qu’un seul d’entre vous continuera à y croire.

©A-M Lejeune
Ecrit le 3-06-2018 pour un défi d'Evy
NB : J'ai inventé Trégadec. Et pour le reste...


 

01 mars 2025

Les couleurs du Monde

 

Image générée par IA selon mes indications sur ce site :https://fr.123rf.com/ai-image-generator/
*
Et Dieu créa le Monde. Et il vit que cela était triste.
Alors il le peignit et pour ce faire, il inventa les couleurs.
Il fit le bleu pour le ciel et pour la mer dans laquelle il se reflète. Et aussi le bleu-vert, pour l'océan.
Il fit le gris pour les jours de pluie, car sans la pluie, pas d'arc-en-ciel.
Il fit le bleu-nuit, qui n'a rien à voir avec le noir. Il y peignit l'argent et l'opale pour la lune, et l'or pour les étoiles...
Il fit un jaune si éblouissant pour le soleil, que même Lui ne pouvait le regarder en face sans brûler ses yeux divins.
Puis il fit le rouge flamboyant pour le soleil couchant. Cette couleur-là irait très bien aussi pour les volcans en éruption les coulées de lave, les flammes et les forêts d'automne. Il y ajouta des touches d'orange, de cuivre, de rouille...
Il fit toutes les sortes de nuances de vert qui se puisse imaginer, pour les feuilles des arbres, l'herbe, les mousses et les fougères, les tiges des fleurs, les milliards de plantes que son esprit immensément créatif avait fait pousser sur la planète.
Il composa une palette extraordinaire pour peindre les pétales des millions d'espèces de fleurs qu'il avait créées, pour habiller les millions d'espèces animales.
Pour la terre nourricière de toutes ces espèces, il fit des tons riches et chauds d'ocre, de bruns et de noirs.
Il fit le blond pour les blés murs, et les multiples tons de sable, pour les plages et les déserts de dunes.
Il fit le blanc pur et scintillant pour la neige, le givre et la glace, le blanc-bleuté pour la banquise.
Il fit le transparent pour l'eau...
Le monde minéral eut droit de sa divine part, à la même attention. Rochers, cailloux, pierres précieuses ou non, furent parés de mille couleurs.
Dieu débordait d'imagination. Et il avait le temps, tout le temps ! L'éternité !
Chaque jour il trempait son pinceau magique dans la palette irisée de l'arc-en-ciel et il inventait de nouvelles couleurs puis de nouvelles nuances à chacune d'elles. Et il peignait, peignait sans jamais se lasser...
Il mettait tant de cœur à l'ouvrage, que bientôt ce fut fini.
Lorsqu'il eut mis la dernière touche de couleur, il admira son tableau et vit que cela était beau !
Alors il créa les spectateurs de son œuvre magistrale, les Hommes.
A eux aussi il donna des couleurs différentes, mais pas trop ! Juste ce qu'il fallait pour qu'ils puissent se distinguer de leur décor multicolore… Il fit donc des blancs plus ou moins blancs, des noirs plus ou moins noirs, des rouges plus cuivrés que rouge au demeurant, des bronzés plus ou moins bronzés et des jaunes plus ou moins jaunes. C'était à son sens déjà pas mal ! De toute façon, il leur octroyait en plus une couleur invisible à l'œil nu : l'intelligence !
Quand ce fut fini, il se dit que l'ensemble de sa Création était bien belle et qu'il pouvait à présent se reposer.
Le problème, c'est qu'il se reposa tant et si longtemps, qu'il en oublia son tableau dans un coin de la Voie Lactée.
Quand il se réveilla enfin, les Humains, ses derniers coups de pinceau, avaient repeint le Monde à leur façon : rouge sang, couleur de guerre et de massacre, gris fumée, couleur de béton et de pollution, terre brûlée, noir de suie, couleur de forêts dévastées, de mort, de misère, de famine, de désespoir...
Il regarda et vit que cela était triste !
Où étaient ses merveilleuses couleurs ?
Alors il prit un gros chiffon, de l'essence térébenthine et il effaça à grands coups rageurs, les affreux barbouillages de ces sales gamins d'Hommes, et eux avec pendant qu'il y était !
Peut-être allait-il repeindre un nouveau Monde ?
Ailleurs...

©A-M Lejeune

27 janvier 2025

Ma pomme

 Je suis loin d'être une grosse légume ! Si ma vie était un film, ce serait un vrai navet . Je n'ai pas un radis d'avance ! Faut dire que je bosse pour des queues de cerises ! Je m'échine à mi-temps dans une conserverie où je trie petits pois et carottes sur un tapis roulant. L'oseille c'est long à gagner et vite à perdre !
Avec ça je vais vous dire, les emmerdes, c'est toujours pour ma pomme !
Pas plus tard qu'hier, j'avais la banane en faisant le poireau à la sortie du taf de mon petit chou d'amour qui s'appelle Françoise mais que j'appelle Framboise, quand deux malfrats me sont tombés dessus à bras raccourcis ! Et paf, je me suis pris une volée de marrons en pleine poire ! Estourbi, je suis tombé dans les pommes. Quand je suis revenu à moi, réveillé à coups de gifles par une grande asperge de fliquette, j'avais le nez en patate et bien sûr mon portefeuille avait disparu ! Elle commençait à me courir sur le haricot la greluche à me taper dessus sans m'écouter mais j'ai eu beau protester et tenter de m'expliquer, elle m'a traîné manu militari jusqu'au panier à salade. Elle me prenait visiblement pour un sans abri , voire pour un ivrogne ! Elle était tellement pressée de me mettre au trou qu'elle appuyait comme une dingue sur le champignon, passant tous les feux à l'orange ! Un simple quidam au volant aurait pris une prune pour moins que ça ! Quand ma Framboise qui est fille d' avocat, est venue pour me sortir de là, on lui a dit que c'était pas ses oignons et on l'a envoyée aux fraises ! Un comble non ?
Vous vous pressez peut-être le citron à essayer de comprendre comment moi, pauvre pomme sans un radis j'ai une fille d'avocat comme petite amie ? Un hasard, je vous jure, un pur hasard ! Grâce à elle, en dépit de la guigne qui me poursuit, je garde la pêche !
©A-M Lejeune

15 janvier 2025

Un conte bizarre

 C'est une drôle d'histoire que j'avais commencé à écrire pour mes petites filles il y a déjà quelques années et que je n'ai jamais vraiment terminée.
Tableau réalisé pour ce conte, avec des images (fond et personnages),générées par une IA  sur le site 123 RF, en fonction de mes instructions. 
Pour le chêne avec des feuilles en forme  de pages  colorées, l'es différents sites d'IA que j'ai consultés, n'ont pas compris ma demande, quelle que soit la façon dont je la tourne



Les facéties de madame Grindolin.

Un jour, dans une forêt tout ce qu’il y a de plus ordinaire, en apparence du moins, un lapin géant, qi marchait sur ses deux pattes arrière comme un humain, rencontra une petite fille minuscule. Lui, avait la taille d’un homme adulte, genre un mètre soixante-dix-huit, elle mesurait tout juste trois centimètres Il faillit l’écraser tellement elle était petite mais heureusement, comme chacun le sait, les lapins sont doués d’une excellente vision. Cela et le fait que la fillette eut si peur qu’elle cria très fort ! Si fort en dépit de sa toute petite taille, que le lapin, qui s’appelait Hector, soit dit en passant, en sursauta de surprise et s’arrêta net ! Juste à temps !
- Quel est donc ce drôle de bruit ? Couina-t-il sur le qui-vive. Il regarda par terre et vit une espèce de bestiole qui gigotait désespérément, plus grosse qu’une coccinelle, moins grande qu’un papillon. Il s’avisa qu’en tout, tout, tout petit, ça ressemblait à s’y méprendre à un de ces enfants d’humains comme il en croisait parfois avant queIl se baissa et prit précautionneusement l’être minuscule entre ses pattes, pour le regarder de plus près. C’était une petite fille très mignonne, avec des yeux bleus, autant qu’il put en juger, Elle avait de longs cheveux blonds tout bouclés et portait une robe rouge. Elle tremblait comme une feuille. Se pouvait-il que…Sans réfléchir d’avantage, et conscient toutefois qu’il risquait de lui faire peur il lui parla de sa plus douce voix. Il fallait qu’il sache !
-Qui es tu ? lui demanda-t-il. 
Elle ne sembla pas comprendre et se recroquevilla dans les poils de ses pattes. Bien sûr réalisa-t-il, ses deux longues incisives de rongeur rendaient son élocution difficile ! Et puis il ne parlait pas depuis longtemps. Il s’appliqua donc et redemanda doucement :
-Qui es tu ? Moi, c’est Hector !
-Je.. je m’appelle Lise, bégaya l’enfant. Je suis une petite fille !
-Ça, je l’ai bien vu ! Mais seulement parce que j’ai de bons yeux hein D’habitude, celles que je rencontre sont bien plus grandes que moi, tu dois le savoir ! Que t’est-il arrivé dis-moi ?
-U…une sorcière ma fait boire une potion et d’un seul coup, j’ai rétréci, rétréci jusqu’à…
-Je vois, je vois…
-J’avais si soif… je m’étais perdue… J’ai vu la jolie cabane dans une clairière… J’ai frappé à la porte…. Une vieille dame m’a ouvert.. Je lui ai demandé mon chemin et à boire. Elle m’a fait entrer. Je ne me méfiais pas, elle avait l’air si gentille…. Elle m’a donné un grand verre d’eau ! J’avais si soif que je l’ai bu d’un trait et…Voilà !
-Je comprends, je comprends… Toi aussi tu as rencontré madame Grindolin !
-Parce que tu la connais ? Oh bien sûr ! Que je suis bête !
-Je la connais oui ! Je faisais partie des lapins de son clapier ! Un jour, elle m’a fait manger des carottes très spéciales…Et voilà ! J’ai grandi, grandi et depuis, je parle aussi comme tu peux l’entendre ! Écoute Lise, je sens bien que tu as très peur de ce qu’il t’arrive mais il faut vraiment que tu voies le résultat surprenant de toutes les facéties de madame Grindolin ! Tu veux bien ?
-D’accord Répondit la fillette. 
Il la posa délicatement entre ses oreilles. 
-Agrippe-toi bien, on y va !
Tout en continuant à se raconter leurs mésaventures grindolinesques, ils partirent dans la forêt, à la rencontre des autres hôtes étranges qui la peuplaient. Au détour d’un sentier bordé de hautes fougères, ils tombèrent sur deux chats noirs en costume rouge à pois blancs, comme les champignons vénéneux vous savez ! Les…les amanites phalloïdes. Ils étaient tranquillement assis sur un tronc moussu et bavardaient gaiement de la pluie et du beau temps. Un peu plus loin, ils croisèrent un loup vêtu d’un long manteau de laine, d’un bonnet rouge et d’une écharpe assortie. Il était en train de boire un chocolat chaud avec une paille, en compagnie d’un mouton vert en smoking, nœud papillon et haut-de forme. Lise ne put s’empêcher de rire !
-Qu’ils sont drôles ces deux-là, s’esclaffa-t-elle !
-Je dirais plutôt, bizarres moi ! Ils n’étaient pas là hier eux !
-Ah bon ? Et les deux chats rouges ?
- Mick et Mouse ? Ils sont comme ça depuis trois jours ! 
-Hep, Lança-t-il aux buveurs de chocolat, vous êtes qui ?
-Moi c’est Herbert dit le loup. 
-Et moi, Léonard, Répondit le mouton, un léger reste de bêlement dans la voix.
-Madame Grindolin je suppose, demanda Hector. Depuis quand, et comment ?
-Hou hou hou, fit le loup rigolard, c’est arrivé hier à la tombée de la nuit. Elle m’a eu par surprise, en m’appâtant avec Léonard, son mouton de compagnie. Elle lui avait enduit la toison d’une huile tellement alléchante que je n’ai pu résister. Bon sang, il était déjà assaisonné, je n’avais plus qu’à le manger ! Je suis arrivé comme je sais le faire, à pas de loup…L’enclos de Léonard était ouvert. J’ai bondi sur ma proie…Á peine avais je entamé la peau de son cou, que nous étions instantanément transformés en ce que nous sommes à présent, deux inséparables amis !
-Bê…ê oui, Bêla le mouton, les meilleurs amis du monde ! Et j’adore mon costume !
Ils poursuivirent leur chemin. Lise allait d’étonnements en surprises. Ici, un hérisson rose laineux sur une balançoire fleurie ; là, un écureuil tout bleu, chantant la Traviata ; là encore, une biche en robe de soirée argentée dansant la valse aux bras d’un Renard-Charmant en pantalon noir et queue-de -pie blanc ! Un peu plus loin, ils papotèrent amicalement avec Balthazar, le sanglier bizarre, que la sorcellerie joueuse de madame Grindolin, avait peint en jaune citron. Pour couronner le tout, il était affublé d’une crête violette de dinosaure et d’une queue touffue de chat angora, une queue superbe au demeurant, aux couleurs de l’arc-en-ciel. Assis au pied d’un immense chêne violet dont le feuillage était composé de morceaux de papier coloriés comme par de malhabiles mains d’enfants, Balthazar sirotait son thé en mangeant une banane orange. Ils déclinèrent son invitation et repartirent à travers la forêt. Ils y firent encore des tas d’étonnantes rencontres ! Madame Grindolin s’était vraiment lâchée !
***

Vous amuseriez-vous à me mettre en commentaire d'autres étranges rencontres qu'aurait pu faire Lise ?