Dans mon dernier billet j'ai évoqué la poésie du cœur, libérée des contraintes académiques mais la musique des mots peut prendre toutes les formes sans perdre cette vibration unique que l'inspiration du moment lui donne.
Native (7 /01/2014)
Je suis née de la mer, d’une mère bretonne
Mais aussi du bocage, d’un père normand,
De l’océan je sais la houle qui moutonne,
De la verte prairie, je sais les pommiers blancs.
Chaque fois que j’entends les vagues mugissantes
Qui viennent en grondant fracasser les rochers,
Je vibre et je frissonne sous la déferlante.
C’est la voix de ma mère que j’entends chanter.
Chaque fois que je vois la neige printanière
S’envoler, parfumée, des branches des vergers,
Je repars les yeux clos des années en arrière
Et la voix de mon père en moi vient résonner.
De ces deux-là je tiens mes racines profondes.
Même si j’ai posé mon cœur en Picardie,
Vers le souvenir d’eux, mon âme vagabonde
S’échappe et fait revivre les années enfuies.
Alors allez savoir pourquoi de la montagne
Je me sens la payse tout pareillement.
Devant les hautes cimes l’émotion me gagne,
Minuscule caillou à l’ombre d’un géant.
Si je n’y suis pas née, j’aimerais tant y vivre
Aux sentiers rocailleux, promener mes pas lents
Puis m’envoler parfois, tel un grand oiseau ivre
Vers mes pommiers fleuris et mes flots rugissants.
Rigueurs d’hiver
Voici venir l’hiver habillé de froidure,
La neige a recouvert la plaine, le coteau.
La nature est sublime sous ce blanc manteau
Mais pour les sans abri, la vie sera plus dure.
Aussi belle que soit l’immaculée parure
Faisant d’humbles prairies de somptueux tableaux
Pour tous les pauvres hères sous leurs oripeaux
Elle devient cruelle et froide sépulture.
Si le givre et le gel aux fastes éclatants
Qui cisèlent joyaux, perles et diamants
Procurent à l’esthète des frissons d’ivresse,
Est-il consolateur pour celui qui meurt seul
Ultime et dérisoire preuve de richesse
D’avoir un si unique et si parfait linceul ?








