Poème écrit le 24 janvier 1969
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Comprendras tu jamais...
Comprendras tu jamais
L'aurore qui se lève
En jetant autour d'elle
Des perles de rosée ?
Comprendras tu le rêve
De l'enfant qui dort,
Bercé par des chansons
Et qui songe à la fée
Aux si légères ailes
Dont la baguette d'or
Exauce tous les souhaits ?
Il rêve sans frissons.
Comprendras tu un jour
La rose qui fleurit
Alors que l'aube pâle,
Secouant sa grisaille,
D'un coup chasse la nuit ?
Comprendras tu la femme
Qui, fixant l'océan,
Ravaude maille à maille
Un filet de pêcheur ?
Chaque ride est un drame,
Chaque maille un malheur !
Ce regard implorant,
Un appel au secours.
Comprendras tu la mer
Si belle, dont les flots
Aux mugissantes ondes
Nous conte l'épopée
De vaillants matelots ?
Comprendras tu le vent
Qui l'été nous caresse
Et qui nous bat l'hiver,
Qui fredonne au printemps
Lorsque les fleurs foisonnent
Et qui chante à l'automne,
Lorsque l'orage gronde
La complainte éplorée
De toutes nos tristesses ?
Comprendras tu l'oiseau,
Fragile créature,
Qui construit sa demeure
Avec des brins de paille
A l'ombre des ramures ?
Comprendras tu la terre
Qui vit, meurt et renait
Au rythme des labours ?
En elle l'Homme espère,
En elle avec amour
Il jette la semence
D'un horizon nouveau
Au doux nom d'espérance.
AMB