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06 octobre 2025

Poésie . des vers libres aux règles établies



Dans mon dernier billet j'ai évoqué la poésie du cœur, libérée des contraintes académiques  mais  la musique des mots peut prendre toutes les formes sans perdre cette vibration unique que l'inspiration du moment lui donne.
Je poétise comme ça me vient comme je le sens et si ça sort en alexandrins, tant mieux ou tant pis. Il m'arrive aussi parfois de composer à la demande comme je l'ai fait dans certains forums  où les règles étaient imposées. J'ai ainsi pratiqué le sonnet ou le pantoum en essayant de respecter la forme sans sacrifier le fond qui m'est propre. Je . crois que la rivière poétique peut couler tout droit sans jamais déborder des berges, ou être plus libre de ses mouvements, capricieuse et serpentine, tout en émanant de la même source, le cœur.
****

 Dérision poétique (27/09/2010)

Jeu poème
Tu poètes
Il poète,
Pouêt !
Jeu ? Peut-être
Tu peux être
Un poète,
Pouêt !
Nous aimons
Nous semons
Des maux doux,
Des mots fous
Des mots beaux
Des bobos
Des mots bof !
Car nous Hommes,
Nous sommes
Tous poètes,
Pouêt !

***
Poète moi ?

Je ne suis jamais qu’une
Enfileuse de mots,
De perles que la lune
Glisse sous mon stylo.

Je suis une fileuse
Et la soie de mes vers
Me vient des nébuleuses
Du fond de l’univers.

Je suis une semeuse
D’adjectifs, de sujets,
Une simple brodeuse
De verbes réguliers.

Est-ce ma faute si
Les mots tissent leur toile
Au plafond de mes nuits
Où brillent les étoiles ?

Poète moi ? Sans doute
Chaque fois que là-haut
La lune qui m’envoûte
Efface un peu mes maux.

***

Hiver (5 /03/2010)
(Pantoum)

Le froid mordant transit les plaines.
Tremblent glacés les arbres nus
Le givre a recouvert mes peines,
L’eau de mes yeux ne coule plus.

Tremblent glacés les arbres nus.
Le gel a figé la fontaine
L’eau de mes yeux ne coule plus
Si tristement mon pas se traîne…

Le gel a figé la fontaine
Le ruisseau court au ralenti
Si tristement mon pas se traîne
Et moi je traîne mon ennui

Le ruisseau court au ralenti
La neige étale ses flocons
Et moi je traîne mon ennui
Aux blancs confins de l’horizon.

La neige étale ses flocons…
L’hiver va-t-il durer toujours ?
Aux blancs confins de l’horizon
J’attends le retour des beaux jours

L’hiver va-t-il durer toujours ?
Souffle le vent à perdre haleine
J’attends le retour des beaux jours
Le froid mordant transit mes peines.
***

CHIFFONS (10/05/2015)(Acrostiche)

Chiffons de femmes aux troublants parfums
Houle d’écume où se plongent les mains
Îlots secrets si riches de promesses
Froufrous soyeux propices aux caresses
Falbalas, fanfreluches de satin
Ou de soie. Océan où le marin
Naviguant au jugé pour atteindre la rive
Se prend aux doux filets traînant à la dérive.
***

Native (7 /01/2014)
(Alexandrins)

Je suis née de la mer, d’une mère bretonne
Mais aussi du bocage, d’un père normand,
De l’océan je sais la houle qui moutonne,
De la verte prairie, je sais les pommiers blancs.

Chaque fois que j’entends les vagues mugissantes
Qui viennent en grondant fracasser les rochers,
Je vibre et je frissonne sous la déferlante.
C’est la voix de ma mère que j’entends chanter.

Chaque fois que je vois la neige printanière
S’envoler, parfumée, des branches des vergers,
Je repars les yeux clos des années en arrière
Et la voix de mon père en moi vient résonner.

De ces deux-là je tiens mes racines profondes.
Même si j’ai posé mon cœur en Picardie,
Vers le souvenir d’eux, mon âme vagabonde
S’échappe et fait revivre les années enfuies.

Alors allez savoir pourquoi de la montagne
Je me sens la payse tout pareillement.
Devant les hautes cimes l’émotion me gagne,
Minuscule caillou à l’ombre d’un géant.

Si je n’y suis pas née, j’aimerais tant y vivre
Aux sentiers rocailleux, promener mes pas lents
Puis m’envoler parfois, tel un grand oiseau ivre
Vers mes pommiers fleuris et mes flots rugissants.
***
 Nocturne
20-01-2020

Là-bas,
Vers le clair d'ouest
Se lève un vent de lune...
Gracieux
L'oiseau de chine
Dans l'encre de nuit
S'envole.
Sous l'édredon du logis
La fée de plumes
S'endort
Et dehors
Dans le ciel s'allument
Les étoiles de sable
Du marchand d'or.
***
Rigueurs d’hiver
(Sonnet)

Voici venir l’hiver habillé de froidure,
La neige a recouvert la plaine, le coteau.
La nature est sublime sous ce blanc manteau
Mais pour les sans abri, la vie sera plus dure.

Aussi belle que soit l’immaculée parure
Faisant d’humbles prairies de somptueux tableaux
Pour tous les pauvres hères sous leurs oripeaux
Elle devient cruelle et froide sépulture.

Si le givre et le gel aux fastes éclatants
Qui cisèlent joyaux, perles et diamants
Procurent à l’esthète des frissons d’ivresse,

Est-il consolateur pour celui qui meurt seul
Ultime et dérisoire preuve de richesse
D’avoir un si unique et si parfait linceul ?

22 mai 2025

La boîte aux souvenirs

 

Souvenirs, souvenirs

Parfois je voudrais être une boîte vide
De regrets,
De souvenirs sépia…
Je voudrais que mes pas
Jamais
Ne retournent là-bas,
Vers ce passé brumeux
Qui souvent me fait mal.
Je voudrais que le vent
Sauvage
Balaie toutes les feuilles
Jaunies,
Bien trop mouillées de larmes
De pluie.
Je voudrais dire adieu
À l’enfance fanée,
À ces années gâchées
Si loin
De tous ceux que j’aimais.
Je voudrais avancer, guérie
Enfin !
Sans regard en arrière
Amer.
Pourtant,
Les yeux piquants, le cœur meurtri,
Tremblant,
Défiant le chagrin de m’engloutir
Encore,
J’ouvre la boîte lourde
De regrets,
De souvenirs sépia.

Anne-Marie Lejeune
(2008)
Extrait du recueil  : "De la source à la mer"

23 février 2025

Comprendras tu jamais...

 Poème écrit le 24 janvier 1969

***
Comprendras tu jamais...

Comprendras tu jamais
L'aurore qui se lève
En jetant autour d'elle
Des perles de rosée ?
Comprendras tu le rêve
De l'enfant qui dort,
Bercé par des chansons
Et qui songe à la fée 
Aux si légères ailes
Dont la baguette d'or
Exauce tous les souhaits ?
Il rêve sans frissons.

Comprendras tu un jour
La rose qui fleurit
Alors que l'aube pâle,
Secouant sa grisaille,
D'un coup chasse la nuit ?
Comprendras tu la femme
Qui, fixant l'océan,
Ravaude maille à maille
Un filet de pêcheur ?
Chaque ride est un drame,
Chaque maille un malheur !
Ce regard implorant, 
Un appel au secours.

Comprendras tu la mer
Si belle, dont les flots
Aux mugissantes ondes
Nous conte l'épopée
De vaillants matelots ?
Comprendras tu le vent
Qui l'été nous caresse
Et qui nous bat l'hiver,
Qui fredonne au printemps
Lorsque les fleurs foisonnent
Et qui chante à l'automne,
Lorsque l'orage gronde
La complainte éplorée 
De toutes nos tristesses ?

Comprendras tu l'oiseau,
 Fragile créature,
Qui construit sa demeure
Avec des brins de paille
A l'ombre des ramures ?
Comprendras tu la terre
Qui vit, meurt et renait
Au rythme des labours ?
En elle l'Homme espère,
En elle avec amour
Il jette la semence
D'un horizon nouveau
Au doux nom d'espérance.

AMB


12 février 2025

la mer et moi...


Côte sauvage-Morbihan
Janvier 2019
 
Mon âme, comme la mer

Mon âme comme la mer,
Gouffre infini mais plus amer
Gronde et mugît tout bas
Sans savoir pourquoi elle se bat.

Comme le flot qui se déchaîne
Lorsque le vent souffle trop fort,
Elle crie son désespoir, sa peine
Et se révolte de son sort.

Puis tout à coup, elle se tait,
Plus rien ne reste qu'une faible rumeur,
Elle recouvre enfin sa paix
Et son soleil et sa douceur.

Mon âme est comme la mer,
Elle se trouble et se tourmente,
Elle tempête à sa manière,
Capricieuse et changeante

AMB
12 octobre 1967

11 février 2025

Premières amours


Reviendra-t-il le temps

Reviendra-t-il le temps
Où nous allions main dans la main
Sans nous soucier des lendemains
Parce que nous étions des enfants ?

Dieu, qu'elle était belle
La route de l'école !
Et je ne sais lequel
De nos deux cœurs était le plus frivole.

Nous chantions insouciants
Les airs de ce temps-là
Mais un beau jour pourtant,
La vie nous sépara.

Nous nous sommes retrouvés,
Es tu toujours le même ?
Moi je n'ai pas changé
Et comme jadis, je t'aime.

Dis, reviendra-t-il le temps
Où nous irons main dans la main,
Pour vivre à deux nos lendemains
Tout comme avant ?

A M B
11 octobre 1967

09 février 2025

Un pétale dans un livre

Un pétale

Un pétale dans un livre
C'est comme un cœur abandonné,
Entre deux pages on le laisse vivre, 
Il est là mais il est oublié.

Arraché un beau matin 
A la fleur de sa jeunesse,
Une main, sans pitié pour son chagrin
A son pauvre destin le laisse.

Il est fané et le temps passe,
Il vit dans l'ombre et dans l'oubli.
Un jour pourtant, un cœur se lasse,
Qui ouvre un livre pour effacer l'ennui.

Et c'est alors qu'une main tremble,
Une vieille main toute ridée.
Tant de souvenirs se rassemblent
Devant un pétale de rose oublié.

A M B
8 octobre 1967