Beauté, sagesse, quête, jardin, toujours, voiture, harmonie, manger, nouveauté, content
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Romain
Son père venait de s'éteindre. Romain le regardait, pâle et figé sur son lit de mort. Il ne parvenait pas à pleurer. Il était seul auprès de lui. Sa sœur et ses deux frères qui vivaient à l'autre bout du monde, n'avaient pas voulu faire le déplacement pour ce père qui les avait si peu aimés et sa mère n'était plus là depuis longtemps. Sous le linceul mortuaire, le vieil homme paraissait enfin apaisé. Ses traits, qu'ils n'avait connus que sévères et d'une implacable dureté, s'étaient adoucis. Le masque lisse et serein de la mort effaçait l'autre, celui d'un homme sans pitié, avide de pouvoir et d'argent. Un homme acariâtre, jamais content, qui voulait toujours plus et qui, pour atteindre son but, avait sacrifié tout le reste, famille et amis. Face à cette quête incessante, sa femme et ses enfants ne pouvaient faire le poids ! A part lui, tous l'avaient fui. Sa mère, malade du cœur, en se laissant mourir, ses frères et sœur en s'éloignant le plus possible de sa néfaste influence. Romain lui, n'avait pas quitté le sol natal mais pour autant, il n'avait pas suivi les traces dorées de son père. Il avait construit sa vie avec une sagesse née de l'expérience acquise en regardant vieillir et s'aigrir ce despote paternel pour lequel la seule nouveauté capable de le satisfaire un bref instant, était l'acquisition d'une voiture de luxe, d'une vaste propriété ou de quelque autre objet de prix susceptible de
grossir encore sa fortune considérable.
Romain n'était pas comme son père ! Il avait choisi d'appliquer au pied de la lettre ces mots du Candide de Voltaire :"Cultivons notre jardin.". Il n'avait qu'une modeste maison à la campagne, roulait dans une vieille mais robuste camionnette avec laquelle Sarah et lui allaient vendre sur le marché, une partie de la production de leur grand potager. Juste ce qu'il faut pour vivre décemment et manger à leur faim ! Et Dieu qu'ils étaient heureux de cette existence simple et saine. D'autant plus heureux que leur premier enfant n'allaient plus tarder à naître !
Vivre au sein de la nature, la respecter, en apprécier chaque jour la beauté et l'harmonie, c'était ça la vraie richesse à leurs yeux.
©A-M
Lejeune
L adage tel père tel fils n'a pas sa place ici et heureusement !!
RépondreSupprimerBisous ma copine
Bonjour Anne Marie,
RépondreSupprimerL'argent n'a jamais véritablement fait le bonheur. Ton histoire si joliment rédigée bien que triste me rappelle une connaissance esclave de sa fortune . Il y avait des alarmes même pour la nuit alors qu'elle occupait sa chambre. Mais le pire c'est que ses uniques fréquentations n'étaient que fonctionnelles voire intéressées. Dans ton histoire, j'aime ce fils qui privilégie la simplicité à la fortune.
Amicalement, Marie Sylvie