09 juillet 2025

Un futur peu enviable

 Prisonnière

Un léger bourdonnement à l’intérieur de sa tête et voilà tout ! Le bandeau électromagnétique était refermé. Elle était maintenant prisonnière, jusqu’à ce que la Haute-Autorité la délivre de ce carcan cérébral. Á côté de cette quasi invisible contrainte, le bracelet électronique d’antan faisait figure de joujou. Il n’était jamais qu’une balise qui permettait de localiser son porteur à tout moment. Qu’il sorte de son périmètre autorisé, et on lui tombait dessus à la vitesse grand V. Rien de bien méchant en somme !
Son bandeau, c’était une autre affaire !  Pour le lui fixer, on avait complètement rasé sa courte chevelure noire et bouclée et afin d’empêcher la repousse, on avait enduit son crâne désormais lisse, d’un gel permanent. Ce qui la classait jusqu’à sa libération, dans la catégorie des « Libres-Prisonniers ». Libres parce qu’ils n’étaient pas enfermés en cellule comme les « criminels » d’autrefois. Prisonniers parce que leur bandeau leur interdisait tout déplacement hors des limites de leur résidence. Le moindre faux pas et l’impulsion magnétique que recevaient leurs neurones connectés, les dissuadait de recommencer !
Maybe se serait tapé la tête contre les murs si cela ne lui avait pas été aussi interdit que le plus petit dérapage dans l’itinéraire programmé qui l’attendait à partir de maintenant. La navette de la police emprunta la voie inférieure et après un cour vol, la déposa devant son cube d’habitation. La voix désincarnée de l’IAP qui l’accompagnait, lui délivra les dernières instructions : « Matricule M70, tu es attendue à la ferme hydroponique à 5 heures demain matin. Le moindre retard sera sanctionné ». Puis la portière magnétique de la navette se referma en chuintant et le véhicule électro porté s’éleva et se positionna dans son couloir de circulation. Il s’éloigna rapidement, la laissant seule, totalement démunie devant le bloc transparent qui allait lui servir de « maison » tout le temps que durerait sa condamnation. Semblable à tous ceux de ce secteur pénitentiaire classé «Niveau 1 de Rétention», c’était une cellule impersonnelle, tout juste fonctionnelle, qui la priverait de toute intimité, sauf la nuit où elle s’occulterait pour la laisser se laver puis dormir à l’abri des regards.
Elle était prisonnière ! Prisonnière ! Le verdict était tombé  la veille : deux ans !
Tout cela parce qu'elle avait simplement omis de saluer comme il se doit un Haut-Résident en visite dans son Unité de Travail. Aucune rébellion dans cet oubli inexcusable ! Non, juste une étourderie, qu'elle ne parvenait pas à s'expliquer. Quel fil s'était déconnecté dans son cerveau programmé depuis sa naissance pour obéir à la moindre règle édictée par le premier ministre du Haut Gouverneur ? Des règles que faisait appliquer sans état d'âme, le Gouverneur de la Cité Basse.
En tout cas, la sentence aussi dure qu'elle soit était justifiée, elle le savait. Du rang relativement enviable de Première Responsable de l'Unité de production vestimentaire de la Cité Basse, en charge de dix Ouvriers Qualifiés Humains et d'autant d'Ouvriers Androïdes, elle allait passer à celui beaucoup plus pénible de Jardinière troisième catégorie - la plus basse- dans les serres hydroponiques où étaient cultivés avec grand soin, les diverses variétés de légumes et de fruits servis à la table des Hauts Résidents. Pour son plus grand malheur, son niveau de réclusion, était situé en dessous de la Cité Basse et n'était éclairé que par un soleil aussi artificiel que permanent. Aussi vif qu'il soit, il ne pouvait rivaliser avec la lueur magnifique et réelle de l'astre solaire qui éclairait encore l'ensemble de la Cité, de son glorieux sommet où résidaient les «Grands» : dirigeants et ministres, pontes de l'administration de la Cité, à sa base, la Cité Basse réservée aux Travailleurs : Ouvriers qualifiés et leurs Responsables désignés au mérite. 
Dans les serres, travaillaient uniquement les «Libres -Prisonniers» comme Maybe. Mais plus bas encore sous les serres , existait la «Sous Cité», celle des Esclaves où, s'échinaient sans relâche à des tâches ingrates et usantes, tous ceux qu'on y avait relégués pour faute grave contre la Cité : les Prisonniers à vie qui n'auraient plus jamais la chance de revoir le soleil. Ils y menaient une existence de forçats. jusqu'à la mort. Ils y faisaient des enfants aussi, qui héritaient du triste sort de leurs parents Eux n'avaient jamais vu le soleil et ils mourraient sans le voir.
Deux ans ! C'était si peu en comparaison de ce qu'enduraient les Prisonniers à vie ! Deux ans à tenir et plus aucun droit à l'erreur pour Maybe si elle ne voulait pas finir ses jours comme esclave dans les tréfonds obscurs de la Sous-Cité.


3 commentaires:

  1. Quelle histoire !!! Est elle sortie d un de tes rêves
    Que tu fais ?? Que va t il lui arriver ????

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    1. Un rêve oui, horrible comme il m'arrive d'en faire de temps en temps. Ce qu'il va lui arriver ? Je n'en sais rien ! Il faudra que je l'écrive, sans rêve pour m'y aider ! "Le Septième rassemblement" est né d'un rêve." Les rêves d'Elisa" aussi ! Une fois, j'ai rêvé que je m'éloignais de la Terre à bord d'un vaisseau spatial. Je voyais s'éloigner ma planète en pleurant. Parfois mes rêves me font si peur que je m'oblige à me réveiller.

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  2. Ça fait peur, espérons que ce ne soit pas prémonitoire.
    Bonne soirée.

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J'aime vos petits mots et j'y réponds avec plaisir. Merci